Je quitte la Roda à 7 h 30 quand le jour se lève et après un copieux petit déjeuner. Toujours aussi peu de monde sur le chemin. Je crois qu’il n’y a que Ted devant et ce Hollandais que j’avais rencontré sur les premières étapes et qui a dû s’arrêter vers Albacete. L’année dernière, quand je venais de terminer mon Camino Primitivo et que j’étais en train de retirer ma Compostella au bureau des pèlerins, un gars m’avait alors dit qu’il terminait, lui, le Camino de Levante, et qu’il n’avait vu personne. Donc, je ne suis pas étonné. J'ai donc fait ce Chemin en connaissance de cause. Je voulais fuir ces Chemins qui deviennent des autoroutes à pèlerins et où il faut courir pour être sûr d’avoir un lit à l’étape.
33 kms aujourd’hui, mais je suis gâté : sur la distance, je vais traverser deux petits villages. Du jamais vu depuis mon départ ! Le premier village, j’appelle Minaya, il est à 18 kms, la bonne distance pour y prendre un encas et un café ; le second est 8 kms plus loin, c’est Casa de Los Pinos. S'il y a un restaurant, je pourrai y déjeuner.
Le relief est un peu moins monotone que les deux derniers jours. Il y a quelques petites bosses et le chemin serpente entre les vignes et les champs de cultures céréalières. Partout de gros tas de pierres que les paysans ont extraites de leurs champs et rassemblées à certains endroits. Voyant ces tas, je ne peux m’empêcher de penser que je leur dois peut-être la vie quand un taureau m’a chargé et que j’ai pu me réfugier sur un tel tas. C’était sur le Camino Mozarabe, après Cordoue, et j’avais raconté cette mésaventure dans une nouvelle dont je donne le lien ci-après : https://nouvelles-sacre-chemin.blogspot.com/search/label/6-El%20toro?m=1 .
À Minaya, je croyais pouvoir grignoter quelque chose : rien ! Je me contente d’un café americano et tire une banale de mon sac.
33 km, et en pleine forme en arrivant ! Sans vouloir faire enfler mes chevilles, tant au sens propre que figuré, aujourd’hui, j’aurais pu en faire 10 de plus, voire doubler l’étape, mais c’était sans intérêt ; j’aurais certainement eu un problème avec la nuit, et d’autre part, je n’aurais pas eu le temps de faire ce billet quotidien. Je dois avouer humblement que je n’ai pas toujours été au top de ma forme ! C’était le cas, notamment, quand je n’ai pas pu suivre Ted qui m’a pris une, puis deux étapes.
En fait, les jambes vont bien et les douleurs au dos que j’avais connues sur d’autres chemins ne sont pas réapparues. Si c’est comme ça jusqu’au bout, il va falloir que je trouve un autre motif, cette année, pour aller voir ma masseuse 😅😅 ! Ne crions pas victoire, la route est encore longue ! Mais quand ça va bien, il faut le dire aussi. En plus, ça rassure la famille ! Il fut un temps où j’étais à mon top niveau dès la quatrième étape, cette année, il m’a fallu attendre la neuvième ! Sans doute l’âge !
Arrivée à San Clémente vers 15 heures ; avant de rejoindre mon hôtel, je prends le temps de faire une rapide visite de la ville : que de belles richesses ! J’approfondirai la visite ce soir avant le
Dialogue devant les moulins
Sancho
Maître, avec tout le respect dû à votre titre
Mes yeux ne voient en vous qu’un authentique pitre.
Déjà plusieurs jours à battre la campagne,
À chevaucher sur nos nobles terres d’Espagne
Sans avoir pu encor juger votre courage,
Car jamais de l’épée vous n’avez fait usage !
Nous aurions péri face aux marchands de Tolède
Si mon humble personne n’était venue en aide !
Don Quichotte
Sottises Sancho, tout cela n’est que sottises !
Je ne puis plus longtemps entendre ces bêtises
Aussi, je me fais fort de prouver sur le champ
Tout ce dont est capable un Chevalier errant.
Mire sur ce coteau les géants qui s’agitent !
Je vais leur donner la torgnole qu’ils méritent !
Ils secouent leurs grands bras pour mieux me défier
Mais vont voir de qui ils devraient se méfier !
Sancho
Permettez mon Maître, mais vous perdez raison,
Au point de confondre un homme et une maison !
Vous voyez des géants et ce sont des moulins
Dont les grands bras ne servent qu’à moudre les grains !
Don Quichotte
Qu’ai-je fait pour avoir un écuyer pareil ?
Est-ce la fatigue ou les rayons du soleil
Qui te rendent plus idiot que Rossinante
Au point de ne pas voir ces géants sur la pente ?
Sancho
Je n’ai pas chevauché des centaines de lieues
Pour ouïr de vous des propos si odieux !
Ne vous ai-je pas dit depuis notre départ
Que dans votre tête, c'est pareil au blizzard ?
Don Quichotte
Balivernes Sancho, ce sont des balivernes !
À croire que tu as fait le tour des tavernes
Pour devant ton maître délirer de la sorte,
Et si je me trompe que le diable m’emporte !
Malheureux que tu es, tu en ignores même
Ce que sera bientôt notre bonheur suprême
Lorsque vaillamment, à ces géants qui s’agitent,
J’aurai donné d’un coup la leçon qu’ils méritent !
Sancho
Mon Dieu, aidez-moi, faite que sa folie
Cesse avant que les ailes lui ôtent la vie !
Pourquoi donc m’avez-vous aussi mal conseillé
D’abandonner mes champs pour suivre ce cinglé ?
Demain la réplique de Don Quichotte
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Ici se croisent deux Chemins : le Camino de Sureste et celui du Levante |
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Beaucoup de représentations de Don Quichotte |
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Le déjeuner faute de restau d’un humble pèlerin ! |
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Vendanges tardives ou alors le vigneron est mort cet été |
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Le pont des soupirs 🤣🤣 |
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Plus confortable qu’une albergue 🤣🤣 |
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De nuit encore plus beau |
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