Dès le réveil ce matin, je me précipite à la fenêtre pour voir quelle sera la couleur du ciel aujourd’hui et surtout si je dois m’attendre à la même galère qu’hier. Tout à l’air calme. Le vent est tombé, il ne pleut pas et le ciel paraît clair. Mon iPhone confirme qu’il n’y a rien à craindre sur les premières heures. Mais que vers midi, il pourrait tomber quelques gouttes. Me voilà en partie rassuré !
Le paysage a un petit peu évolué par rapport aux dernières étapes ; toujours très plat, mais les cultures ont changé, moins de céréales et de fruitiers ; par contre, des vignes, que des vignes. Des raisins rouges, des blancs, des ceps palissés sur des fils, d’autres au raz du sol. Pour ceux-là je plains les vendangeurs !
Avec la pluie d’hier, les chemins ce matin sont un peu détrempés ; ce soir je n’échapperai pas au lavage des chaussures.
Dès le départ, je suis un peu perdu entre le balisage du Chemin et mon circuit sur Visorando : je me rends compte qu’un nouveau tracé du Chemin a été fait pour éviter la grande ville de Quintana de la Orden ; pas gênant, d’autant qu’il doit faire gagner un ou deux kms et que le balisage, du fait qu’il est récent, est sans faille. Je rejoins le tracé initial à 15 kms de El Toboso, dans la petite ville de La Puebla de Almoradiel. Je fais un arrêt dans un petit supermarché, histoire de remettre à niveau mes provisions ; après un café dans un bar, je poursuis vers Don Fadrique, le terme de mon étape.
Pas de pluie, mais toujours ce vent relativement violent qui vient de l’ouest et que je prends pleine face.
Depuis le début de ce reportage, je n’ai pas montré beaucoup de fleurs pour la bonne et simple raison qu’il n’y a pas de fleurs ! Certainement l’altitude, mais aussi la saison !
J’ai réservé dans un petit hôtel de type « casa rural » comme il y en a beaucoup en Espagne. Ce sont en général des petites structures familiales. Pour celle-là, la Casa Rural El Rincõn del Infante, j’avais suivi les conseils d’un pèlerin qui en avait fait des éloges sur son blog. Quand en moyenne, je paie dans la région 35 à 45 euros pour une chambre individuelle avec salle de bains, ici, c’est 23 euros petit-déjeuner compris ; compris également le lavage-séchage du linge. Réservé par Booking, ce dernier prend 3 à 4 euros. Reste moins de 20 euros pour l’aubergiste. Je ne lui ai pas fait l’injure de le régler par carte pour qu’il doive encore acquitter des frais à sa banque ! Mais le plus surprenant, c'est la prestation : une très grande chambre dans une maison ancienne, magnifiquement décorée, avec sur la table une collation d’accueil : ne manquait que la bouteille de Champagne ! Il y a des jours sans mais heureusement, il y a aussi des jours avec ! Regardez les photos à la fin de ce diaporama.
Je vous livre ici la strophe finale et la totalité de mon poème sur Don Quichotte.
Don Quichotte et les moulins
Sancho
Maître, avec tout le respect dû à votre titre
Mes yeux ne voient en vous qu’un authentique pitre.
Déjà plusieurs jours à battre la campagne,
À chevaucher sur nos nobles terres d’Espagne
Sans avoir pu encor juger votre courage,
Car jamais de l’épée vous n’avez fait usage !
Nous aurions péri face aux marchands de Tolède
Si mon humble personne n’était venue en aide !
Don Quichotte
Sottises Sancho, tout cela n’est que sottises !
Je ne puis plus longtemps entendre ces bêtises
Aussi, je me fais fort de prouver sur le champ
Tout ce dont est capable un Chevalier errant.
Mire sur ce coteau les géants qui s’agitent !
Je vais leur donner la torgnole qu’ils méritent !
Ils secouent leurs grands bras pour mieux me défier
Mais vont voir de qui ils devraient se méfier !
Sancho
Permettez mon Maître, mais vous perdez raison,
Au point de confondre un homme et une maison !
Vous voyez des géants et ce sont des moulins
Dont les grands bras ne servent qu’à moudre les grains !
Don Quichotte
Qu’ai-je fait pour avoir un écuyer pareil ?
Est-ce la fatigue ou les rayons du soleil
Qui te rendent plus idiot que Rossinante
Au point de ne pas voir ces géants sur la pente ?
Sancho
Je n’ai pas chevauché des centaines de lieues
Pour ouïr de vous des propos si odieux !
Ne vous ai-je pas dit depuis notre départ
Que dans votre tête, c'est pareil au blizzard ?
Don Quichotte
Balivernes Sancho, ce sont des balivernes !
À croire que tu as fait le tour des tavernes
Pour devant ton maître délirer de la sorte,
Et si je me trompe, que le diable m’emporte !
Malheureux que tu es, tu en ignores même
Ce que sera bientôt notre bonheur suprême
Lorsque vaillamment, à ces géants qui s’agitent,
J’aurai donné d’un coup la leçon qu’ils méritent !
Sancho
Mon Dieu, aidez-moi, faite que sa folie
Cesse avant que les ailes lui ôtent la vie !
Pourquoi donc m’avez-vous aussi mal conseillé
D’abandonner mes champs pour suivre ce cinglé ?
Don Quichotte
Dieu, cher Sancho, n’a que faire de la supplique
D’un minable écuyer nigaud et alcoolique !
Plutôt que gémir comme une chienne blessée,
Use ton temps à implorer ma dulcinée !
Elle sait mes combats et connait ma vaillance,
Elle sait tous ces bandits qu’a transpercés ma lance !
Dis-lui qu’elle aura l’honneur de notre visite
Et que nous espérons le couvert et le gîte !
Sancho
Comment maître, un chevalier qui se veut galant,
Peut d’une dame inconnue exiger autant ?
Don Quichotte
Sache mon ami que celle dont nous causons
Saura juger la faveur que nous lui faisons !
Héberger sous son toit un Chevalier errant,
Vaut mieux qu’une nuit avec son meilleur amant !
Assez parlé maintenant, je vais à ces lâches
Montrer que mon épée vaut mille de leurs haches.
Allez Rossinante, fonçons brave cheval,
Partons réduire en miettes ces faiseurs de mal !
Alain Humbert
15 octobre 2023
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| C’est quoi cette mousse ? |
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| Beaucoup de photo- voltaïques individuels pour alimenter les pompes qui distribuent l’eau dans les vignes |
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| Les rares fleurs |
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| Manque le Champagne 🤣 |
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